About hospitality 

Film documentaire, 54 min, Fredericia, Danemark, 2019. 
Ingénieur du son :  Barthélémy Béleudy
Comanditaire : EASA Denmark

C’est quoi EASA ? 

EASA signifie European Architecture’s Students Assembly ou l’Assemblée Européenne des Étudiants en Architecture.

Créée en 1981 à Liverpool à l’initiative d’étudiants désireux de rencontrer des camarades architectes venus d’autres horizons, l’EASA est certainement l’un des plus vieux workshops d’architecture ayant encore cours. Il rassemble chaque été 500 participants qui font, pensent, vivent et célèbrent ensemble l’architecture sous toutes ses formes.

J’avais filmé pour la première fois l’édition 2016 de L’EASA qui se déroulait à Nida en Lituanie et l’expérience avait donné lieu au film I am from EASA.

Situation de Fredericia  

Fredericia est une ville moyenne du Danemark dont la vie était axée autour d’activités industrielles et portuaires. En 2017, elle est déjà largement désindustrialisée avec de nombreux terrains en friche, sans programme et donnant directement sur l’eau.

Pour relancer ses courbes de population et de croissance, la ville fait appel à un aménageur qui a pour mission la reconversion des anciennes zones industrielles en un nouveau programme mêlant habitation, plaisance, activités marchandes et culturelles.
 

La vie avant la ville 

Dans ce cadre, la communauté de l’EASA propose des pavillons éphémères et moins éphémères qui viennent se placer entre autres sur les futurs espaces stratégiques d’aménagement.

Programmes temporaires pour espaces temporairement sans programme, les pavillons doivent planter des graines qui pourraient inspirer les futurs projets de l’aménageur. Une opération de préfiguration et d’attraction intitulée par ce dernier « La vie avant la ville ».

Préfiguration ambigüe 

J’ai saisi cette occasion pour réfléchir à un problème qui m’occupait déjà auparavant à savoir le rôle joué par les projets de préfiguration d’usage qui peuvent être extrêmement libres dans le design comme dans le programme au point de contredire parfois les intentions du projet d’aménagement pérenne qu’ils précèdent.

On s’interroge alors sur la relation entre les valeurs défendues par la jeune génération d’architectes à qui l’on confie ses étapes de préfigurations et le programme économique « pragmatique » de l’aménageur souvent incapable de remettre en question des modèles de ville axés sur la spéculation immobilière et la consommation de services.  

Quelle ville les pavillons expérimentaux préfigurent-ils véritablement ? De l’expérimentation qui prend lieu dans les ruines de l’industrie à la ville des services qui la remplace, que deviennent les valeurs défendues au cours de ce processus de revalorisation ?

Fragile hospitalité 

D’un autre côté, nous sommes en 2017 et le fort repli nationaliste et identitaire a déjà commencé en Europe ; or, le thème de cet EASA, choisi à dessein par ses organisateurs, est l’hospitalité.

La ville elle-même possède une histoire très singulière vis-à-vis de la question de l’hospitalité. Construite initialement comme un rempart contre une menace d’invasion, Frederecia a accueilli à sa fondation tous les cultes alors chassés d’Europe afin de pouvoir peupler sa ville n’accueillant alors que des soldats. On effacera même les dettes et les casiers judiciaires des pionniers et l’on dotera de bourses ceux qui accueillent des soldats chez eux.

Ainsi, un des lieux de workshop est une ancienne caserne militaire désaffectée et qui servit de lieu d’accueil à six cents réfugiés, dont de nombreux Syriens, à un moment où le gouvernement danois de gauche est proaccueil.

Entre-temps, la situation politique a basculé de l’autre côté et les migrants ne sont désormais plus les bienvenus. C’est dans ce cadre que la communauté EASA, brassant plus de cinquante nationalités, vient déployer son festival.