SPHINX
Photographies, Paris, France, 2023
Sound-system créé à l’occasion de la fête de la musique à Paris
Commanditaire : Matéo Garcia, Boiler Room
Sound-system créé à l’occasion de la fête de la musique à Paris
Commanditaire : Matéo Garcia, Boiler Room
1.Le sound-system
En 2022, le designer Mateo Garcia ouvre un nouveau chapitre de sa pratique dédiée à la conception de système de diffusion sonore. On trouvait déjà des traces de cet intérêt pour les enceintes dans certains de ses travaux précédents ainsi qu’au travers d’une activité de création d’événements informelle voir sauvage et cependant prolixe, courant depuis bientôt dix ans.
Le reportage photo présenté ici au travers de quelques extraits couvre son partenariat avec Boiler room réalisé à l’occasion de la fête de la musique en juin 2023 à Paris.
En partant d’une base héritée du travail de James Bullow Lensing, Matéo fait une proposition spectaculaire, coup de projecteur porté sur un dispositif de diffusion souvent dévoué en festival à sa dimension utilitaire. Un retour en gloire de la machine comme outil de précision, portée par les réseaux audiophiles et certains organisateurs de soirées, attachés à l’histoire des musiques électroniques.
En 2022, le designer Mateo Garcia ouvre un nouveau chapitre de sa pratique dédiée à la conception de système de diffusion sonore. On trouvait déjà des traces de cet intérêt pour les enceintes dans certains de ses travaux précédents ainsi qu’au travers d’une activité de création d’événements informelle voir sauvage et cependant prolixe, courant depuis bientôt dix ans.
Le reportage photo présenté ici au travers de quelques extraits couvre son partenariat avec Boiler room réalisé à l’occasion de la fête de la musique en juin 2023 à Paris.
En partant d’une base héritée du travail de James Bullow Lensing, Matéo fait une proposition spectaculaire, coup de projecteur porté sur un dispositif de diffusion souvent dévoué en festival à sa dimension utilitaire. Un retour en gloire de la machine comme outil de précision, portée par les réseaux audiophiles et certains organisateurs de soirées, attachés à l’histoire des musiques électroniques.
2.Branding et instrumentalisation
Je souhaiterai à présent dézoomer un instant sur le contexte. Cette collaboration entre le designer Mateo Garcia et le projet Boiler Room s’accomplissait dans le cadre d’un événement promotionnel de la marque Nike. Depuis toujours, je tends à tenir ma pratique le plus loin possible des industriels et de leurs marques, bien conscient du rôle prépondérant joué par ces derniers dans l’avènement du plantatiocène et ne souhaitant pas les banaliser ou leur donner des gages. Cependant ici, j’aimerai me rendre capable de décrire avec justesse, le problème posé par un dispositif tel que cet événement.
Nous devons être bien attentifs à la façon incidieuse dont les marques utilisent les luttes sociales d’aujourd’hui et le désir d’empowerment de groupes marginalisés, qu’il s’agisse de la communauté lgbtqia+, des personnes racisées, des personnes en situation de handicap, pour poursuivre la production et la distribution de téléphones, de chaussures, de shampoings, d’aliments industriels, etc. Un processus qui démarre généralement dans l’univers des marques de luxe se rêvant toujours à l’avant-garde, affichant des idoles issues de minorités parfois comme une provocation et qui ruisselle ensuite progressivement vers leurs formes grand public.
Mais peut-on prendre au sérieux une publicité pour un parfum de luxe dont le shooting est réalisé dans un bidon-ville ? Ne s’agit-il pas là du plus haut degré de cynisme ?
Je souhaiterai à présent dézoomer un instant sur le contexte. Cette collaboration entre le designer Mateo Garcia et le projet Boiler Room s’accomplissait dans le cadre d’un événement promotionnel de la marque Nike. Depuis toujours, je tends à tenir ma pratique le plus loin possible des industriels et de leurs marques, bien conscient du rôle prépondérant joué par ces derniers dans l’avènement du plantatiocène et ne souhaitant pas les banaliser ou leur donner des gages. Cependant ici, j’aimerai me rendre capable de décrire avec justesse, le problème posé par un dispositif tel que cet événement.
Nous devons être bien attentifs à la façon incidieuse dont les marques utilisent les luttes sociales d’aujourd’hui et le désir d’empowerment de groupes marginalisés, qu’il s’agisse de la communauté lgbtqia+, des personnes racisées, des personnes en situation de handicap, pour poursuivre la production et la distribution de téléphones, de chaussures, de shampoings, d’aliments industriels, etc. Un processus qui démarre généralement dans l’univers des marques de luxe se rêvant toujours à l’avant-garde, affichant des idoles issues de minorités parfois comme une provocation et qui ruisselle ensuite progressivement vers leurs formes grand public.
Mais peut-on prendre au sérieux une publicité pour un parfum de luxe dont le shooting est réalisé dans un bidon-ville ? Ne s’agit-il pas là du plus haut degré de cynisme ?
Un événement promotionnel donc, qui ne fit pas l’économie de discours sur l’entreprise individuelle mêlée de slogan de développement personnel. « Croyez dans vos rêves, menez vos projets d’entreprise, même si l’on essaie de vous en dissuader ! » nous dit une des organisatrices au micro en début de soirée. Dans ces mots d’ordre tournés en slogans se mêlent insidieusement injonction à l’épanouissement et projet de marchandisation des personnalités et des corps.
Une situation qui inquiète, tant celles et ceux ayant grandis avec ces dispositifs et ces modèles semblent mêlanger de façon intuitive intentions artistiques et stratégie marketing, journal intime et vente à domicile, pratique du don et vente de services. Un répertoire amalgamé dans la figure de l’influenceur dont le corps et l’intimité sont désormais les lieux d’accueil où viennent se loger les marques et leurs produits toujours en quête de nouveaux espaces à coloniser.
On voit ainsi se multiplier de joyeux créateurs de contenu , terme fétiche des indsutriels servant à désigner les œuvres de l’esprit lorsqu’elles sont conçues comme du fourrage pour remplir des sites web. Des vocations qui prolifèrent mais qui, d’un autre côté, n’ont aucun avenir dans le monde de la décrue énergétique, faut-il s’en inquiéter ? À minima, anticipons la désintoxication des millions de personnes aujourd’hui dépendantes des technologies numériques et des récits redondants des marques. Prenons très au sérieux la violence de leur atterrissage quand le stream de morphine cessera de couler.
Une situation qui inquiète, tant celles et ceux ayant grandis avec ces dispositifs et ces modèles semblent mêlanger de façon intuitive intentions artistiques et stratégie marketing, journal intime et vente à domicile, pratique du don et vente de services. Un répertoire amalgamé dans la figure de l’influenceur dont le corps et l’intimité sont désormais les lieux d’accueil où viennent se loger les marques et leurs produits toujours en quête de nouveaux espaces à coloniser.
On voit ainsi se multiplier de joyeux créateurs de contenu , terme fétiche des indsutriels servant à désigner les œuvres de l’esprit lorsqu’elles sont conçues comme du fourrage pour remplir des sites web. Des vocations qui prolifèrent mais qui, d’un autre côté, n’ont aucun avenir dans le monde de la décrue énergétique, faut-il s’en inquiéter ? À minima, anticipons la désintoxication des millions de personnes aujourd’hui dépendantes des technologies numériques et des récits redondants des marques. Prenons très au sérieux la violence de leur atterrissage quand le stream de morphine cessera de couler.
