Monumentales Panthéon
Reportage vidéo et photo, Paris, France, 2017
Année Zéro Production
Projet Réinventons nos places ! par la Ville de Paris
Les Monumentales : Emma Blanc paysages, collectif ETC, Genre et Ville
Année Zéro Production
Projet Réinventons nos places ! par la Ville de Paris
Les Monumentales : Emma Blanc paysages, collectif ETC, Genre et Ville
Réinventons nos places
En 2015, la ville de Paris se lance dans un ambitieux projet de piétonnisation qui viendra modifier le plan de sept grandes places parisiennes pour leur restituer un peu d’aménité.
Ce projet des sept places intègre des parties d’études, de concertation et de préfiguration d’usages ayant pour rôle de confirmer ou d’infirmer les hypothèses des aménageurs concernant les besoins des habitants qui les pratiquent.
Pour répondre à ce cahier des charges, des groupements se forment qui mêlent agences et collectifs de compétences, alliant ainsi expérience de la grande échelle et nouvelles pratiques de diagnostic.
C’est le cas du groupement des Monumentales, associant alors l’agence Emma Blanc paysage et ETC collectif, constitué spécifiquement pour répondre à ce marché public.
Permanence architecturale
On installe tout d’abord deux conteneurs sur la place du Panthéon, pour pouvoir assurer une permanence architecturale. Le premier est un stock pour les outils et le second, un petit bureau. Le conteneur-bureau est travaillé avec une surface transparente pour laisser entrer la lumière, donner sur la rue et inviter les passants à venir interagir de façon informelle avec les membres du groupement.
La permanence est une interface, à la fois point d’information pour les habitants et poste d’observation de la vie de la place. De ce camp de base on va pouvoir aussi construire, installer des aménagements temporaires, du mobilier urbain, faire divers tests et observer les situations qu’ils génèrent.
Bordures détournées
La chair du projet se constitue de bordures de trottoir de réemploi, sélectionnées et travaillées sur leur lieu de stockage pour être mobilisables à nouveaux frais. Il s’agit en l’occurrence de réaliser deux encoches par morceau à la scie circulaire.
Les bordures de trottoir sont ces gros blocs de pierre dont Paris possède de gigantesques réserves dans la grande matériauthèque du CMA de Bonneuil. Là-bas, on trouve tous ces consommables dont la ville a besoin pour être maintenue en état : panneaux de signalisation, ornements, pavés, barrières en tout genre...
Réversibilité
Au CMA on sélectionne des bordures de trottoir dans les stocks selon des critères proposés par Les Monumentales et l’on vient réaliser des encoches dans ces dernières. Lesdites encoches serviront à insérer des pieds en bois qui permettent à la bordure brute de devenir un petit banc de pierre. Dans l’autre sens, elles servent à supporter des traverses sur lesquelles on peut faire émerger une plateforme, des tables, un banc en bois.
Les forces en présence
Le fait de réemployer une matière disponible en abondance et d’utiliser les compétences des techniciens de la Ville de Paris et du CMA, permet dans ce cas précis de réaliser un projet d’aménagement à la fois pérenne, pertinent et peu coûteux, une ingéniosité qui ne doit en aucun cas légitimer la précarisation des services publics.
La translateuse
Machine aux allures de bélier médiéval, la translateuse est conçue dans le but de déplacer les lourdes bordures de trottoir sans avoir recours à un véhicule à moteur thermique ou électrique. Elle constitue ainsi une expérience concrète d’emploi d’un instrument de basse technologie à l’efficacité énergétique maximale.
La translateuse se manipule à quelques adultes seulement, son grappin à poulie vient mordre et soulever la pierre et une fois le bloc en suspension, une équipe peut alors pousser l’instrument de bois pour opérer la translation du module sur la place. Celle-ci sera présentée en action durant des ateliers menés avec les écoles du quartier.
Chantier ouvert
Une des nombreuses dimensions du projet est l’inclusion sur le chantier, de personnes en réinsertion professionnelle ou plus précisément, en situation de retour à l’emploi. Pour assurer cette dimension Les Monumentales s’associent avec l’association Travail et Vie et l’ESAT de la Bièvre.
Genre et ville
Pour l’innauguration de la première version de l’aménagement de la place, les Monumentales s’associent avec le think tank Genre et Ville qui travaille, réfléchit et expérimente sur la place accordée à la question du genre dans les modes de conception de nos environements urbains.
Une des actions organisées par Genre et Ville consiste en un grand atelier ouvert de typographie mené sur les pavés d’une des places environnantes. Les participant.es y étaient invité.es à inscrire sur ces derniers des noms de femmes célèbres ou mythiques.
Collectif BIM !
Le colletif de danseurs.euses et performeurs.euses BIM sera aussi invité pour l’innauguration à réaliser un de leur flash mob contextuel sur mesure. Après avoir joué sur la place et exploré les possiblités de mise en scène offertes par les nouveaux aménagements, ils écriront et réaliseront une partition dansée résonnant avec l’histoire des lieux et les question apportées par le collectif Genre et Ville sur la place accordée aux grandes femmes de l’histoire par un monument dont le fronton indique : “Aux Grands Hommes, la Patrie reconnaissante”.
Une attention nouvelle
Ce projet est certainement la démonstration en acte d’une nouvelle culture constructive intégrant le réemploi, la sobriété et une attention fine aux qualités et aux forces en présence sur les sites mis au travail.
Ces constructeurs “nouvelle école” ne s’épargnent pas non plus de prendre à bras le corps les vieux récits dominants, souvent massivement hérités sans critique comme partie inquestionnable de notre patrimoine pour les travailler, les mettre à l’épreuve et nous pemettre de nous repositionner à leur égard afin de construire des mondes et des manières de vivre ensemble où chacun puisse trouver sa place.