Alga - Processus
Installation vidéo deux écrans, 20 min en boucle, France, 2019 - 2021
Comanditaire : Studio Samuel Tomatis
Expositions : 09/09/21 - Agora du design, Pavillon de l’Arsenal, Paris, France
Comanditaire : Studio Samuel Tomatis
Expositions : 09/09/21 - Agora du design, Pavillon de l’Arsenal, Paris, France
01. Design de recherche
Durant deux ans, j’ai suivi une étape intense de développement du projet de recherche Alga du designer Samuel Tomatis. Pendant celle-ci, Samuel travaillait avec ses nombreux partenaires sur des processus de transformation des algues en nouveaux matériaux, biodégradables ou à empreinte faible.
Alors que la communauté scientifique nous enjoint de cesser la production des matières plastiques pour des raisons environnementales connues, le champ de la recherche autour des biomatériaux est en émulation.
À cette dimension stratégique, s’ajoute le fait que les algues représentent une nouvelle forme préoccupante de pollution pour deux régions de France aux climats pourtant bien différents, la Bretagne et la Guadeloupe.
Durant deux ans, j’ai suivi une étape intense de développement du projet de recherche Alga du designer Samuel Tomatis. Pendant celle-ci, Samuel travaillait avec ses nombreux partenaires sur des processus de transformation des algues en nouveaux matériaux, biodégradables ou à empreinte faible.
Alors que la communauté scientifique nous enjoint de cesser la production des matières plastiques pour des raisons environnementales connues, le champ de la recherche autour des biomatériaux est en émulation.
À cette dimension stratégique, s’ajoute le fait que les algues représentent une nouvelle forme préoccupante de pollution pour deux régions de France aux climats pourtant bien différents, la Bretagne et la Guadeloupe.
02. Marées vertes en Bretagne
En Bretagne, la prolifération des algues vertes découle des activités d’élevages intensifs majoritairement porcins pratiqués sur l’ensemble du territoire. Pour rappel, on élève et abat en Bretagne plus de 50 % des porcs français, mais c’est également la région produisant le plus de viande, toutes espèces confondues. On saisit dans ces conditions que le territoire se trouve en situation de surchauffe quant à la gestion des rejets de cette industrie.
Bien que masqués depuis les années 70, d’une part par les lobbies industriels et d’autre part par des politiques soucieux de protéger l’activité touristique, les incidents sanitaires répétés, y compris la mort d’individus, ont fini par être révélés au grand public et mis en lumière, en grande partie par le travail d’enquête au long cours inestimable de la journaliste Inès Léraud mis en image par l’illustrateur Pierre Van Hove en 2019.
En Bretagne, la prolifération des algues vertes découle des activités d’élevages intensifs majoritairement porcins pratiqués sur l’ensemble du territoire. Pour rappel, on élève et abat en Bretagne plus de 50 % des porcs français, mais c’est également la région produisant le plus de viande, toutes espèces confondues. On saisit dans ces conditions que le territoire se trouve en situation de surchauffe quant à la gestion des rejets de cette industrie.
Bien que masqués depuis les années 70, d’une part par les lobbies industriels et d’autre part par des politiques soucieux de protéger l’activité touristique, les incidents sanitaires répétés, y compris la mort d’individus, ont fini par être révélés au grand public et mis en lumière, en grande partie par le travail d’enquête au long cours inestimable de la journaliste Inès Léraud mis en image par l’illustrateur Pierre Van Hove en 2019.
03. Processus de pollution
Les déjections porcines trop importantes pour être intégralement épandues sur les récoltes agricoles finissent dans les cours d’eau puis se déversent dans la mer où elles entrainent la prolifération des algues vertes.
Ces dernières, en s’entassant sur les plages, forment des tas compacts et sans air que le soleil referme d’une croute extérieure d’algue séchée. La décomposition du tas d’algues sous la croute blanchie par le soleil produit un gaz nocif, le H2S à l’odeur agressive et suffocante de soufre.
Un simple pas à travers la croute libère une vague de gaz dans l’air. Si l’on ne s’éloigne pas des vapeurs, on finit par s’évanouir et mourir intoxiqué. À haute dose, la mort est causée par le H2S plus vite que par le cyanure.
Les déjections porcines trop importantes pour être intégralement épandues sur les récoltes agricoles finissent dans les cours d’eau puis se déversent dans la mer où elles entrainent la prolifération des algues vertes.
Ces dernières, en s’entassant sur les plages, forment des tas compacts et sans air que le soleil referme d’une croute extérieure d’algue séchée. La décomposition du tas d’algues sous la croute blanchie par le soleil produit un gaz nocif, le H2S à l’odeur agressive et suffocante de soufre.
Un simple pas à travers la croute libère une vague de gaz dans l’air. Si l’on ne s’éloigne pas des vapeurs, on finit par s’évanouir et mourir intoxiqué. À haute dose, la mort est causée par le H2S plus vite que par le cyanure.
04. Algues sargasses en Guadeloupe
La pollution par les algues sargasses en Guadeloupe est, elle aussi, une conséquence des actions humaines sur l’environnement, en l’occurrence, la modification des courants marins dûe à la déforestation amazonienne qui rabattent sur les côtes Guadeloupéennes les bancs d’algues naturellement présents dans la mer des sargasses.
En Guadeloupe comme en Bretagne, les côtes touchées par les bancs d’algues deviennent inhabitables, ainsi, au-delà des risques sanitaires, les conséquences sont également économiques, empêchant les activités de baignades, pénalisant les restaurants ou les auberges installées à proximité.
La pollution par les algues sargasses en Guadeloupe est, elle aussi, une conséquence des actions humaines sur l’environnement, en l’occurrence, la modification des courants marins dûe à la déforestation amazonienne qui rabattent sur les côtes Guadeloupéennes les bancs d’algues naturellement présents dans la mer des sargasses.
En Guadeloupe comme en Bretagne, les côtes touchées par les bancs d’algues deviennent inhabitables, ainsi, au-delà des risques sanitaires, les conséquences sont également économiques, empêchant les activités de baignades, pénalisant les restaurants ou les auberges installées à proximité.
05. Narration en diptyque
J’ai créé un dispositif vidéo à deux écrans capables de raconter les processus de transformation des algues, la dimension expérimentale et empirique du projet ainsi que les nombreuses collaborations mises en place par Samuel avec des praticiens issus de champs divers : science, art, design et artisanat.
Le dispositif a été pensé pour accompagner les prototypes de Samuel, d’exposition en exposition. À partir de ma production vidéo sur ses diverses collaborations en Bretagne, en Guadeloupe, à Toulouse, à Tarbes, j’ai monté plusieurs diptyques, capables de raconter sans paroles ni texte la « cuisine » se déroulant en atelier comme en laboratoire.
Il m’importait ici de faire sentir, d’une part, les textures, les couleurs, les différents états de la matière ainsi que de répondre en partie, aux interrogations soulevées par l’exposition de ces objets et matériaux inconnus sur leur mode de fabrication.
J’ai créé un dispositif vidéo à deux écrans capables de raconter les processus de transformation des algues, la dimension expérimentale et empirique du projet ainsi que les nombreuses collaborations mises en place par Samuel avec des praticiens issus de champs divers : science, art, design et artisanat.
Le dispositif a été pensé pour accompagner les prototypes de Samuel, d’exposition en exposition. À partir de ma production vidéo sur ses diverses collaborations en Bretagne, en Guadeloupe, à Toulouse, à Tarbes, j’ai monté plusieurs diptyques, capables de raconter sans paroles ni texte la « cuisine » se déroulant en atelier comme en laboratoire.
Il m’importait ici de faire sentir, d’une part, les textures, les couleurs, les différents états de la matière ainsi que de répondre en partie, aux interrogations soulevées par l’exposition de ces objets et matériaux inconnus sur leur mode de fabrication.
06. Sur l’empuissancement
Au-delà de l’actualité passionnante des algues et de ce que nous allons parvenir ou non à en faire, c’est bien le mode opératoire de Samuel qui m’a profondément intéressé ici et particulièrement durant cette étape d’expérimentation débridée.
Une fois son sujet de recherche choisi, il a réussi à se mettre en relation avec des profils, des disciplines, des compétences très diverses, intégrant des champs initialement totalement inconnus pour lui.
Je l’ai vu prendre ses marques dans des laboratoires, des ateliers d’artisans, découvrir le tressage, la teinture, la récolte, en somme, faire en tout temps un libre usage de sa capacité d’apprendre.
Il y a, je crois ici, l’affirmation d’un désir de savoir et de savoir-faire qui est à mon sens fondamentalement humain. Si on la prend au sérieux, cette relation libérée à la connaissance et au faire devrait nous aider à repenser le mode d’organisation de notre système d’éducation et notre définition du travail vers une nouvelle économie libidinale de la connaissance.